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Un grand pas vient d’être franchi dans la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) au Niger. Le mardi 29 septembre 2020, reste historique dans la lutte contre les VBG au Niger. Et pour cause ; dans le cadre de l’Initiative Spotlight, tous les acteurs clefs de la lutte contre les VBG se sont retrouvés à l’hôtel Radisson de Niamey pour échanger et partager les connaissances et les données sur les causes, les formes, les victimes et les auteurs des VBG au Niger ; afin de trouver des pistes de solutions et proposer des actions. C’est qui est une grande première au Niger où tous les acteurs de lutte contre les VBG se sont retrouvés dans une synergie d’actions.

Procureur de la République, cadres du ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Gendarmerie Nationale, Police Nationale,  Chefs traditionnels, leaders religieux et les staffs du Système des Nations Unies ; principalement ceux du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’ONU FEMMES regardent dans la même direction pour mettre fin aux violences basées sur le genre.  

’Je voudrais remercier le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) qui a pris l’initiative de signer des mémorandums avec le Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale et la Direction Générale de la Police Nationale dont les apports dans la collecte des données VBG, de l’audition des victimes et du traitement des cas seront déterminants dans l’élimination de ces pratiques néfastes’’, a déclaré  dans son discours, la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Elback Zeinabou Tari Bako.  ‘’ Les conclusions et recommandations de cette rencontre vont permettre de renforcer la coordination de tous les prestataires de services de contact avec les survivantes de violence, notamment au niveau de la communauté, dans les secteurs de Justice, de la Sécurité et de la santé, afin d’améliorer l’information, l’accès et la qualité des services fournis aux femmes et aux jeunes filles survivantes de violence’’, a-t-elle ajouté.

 La Coordinatrice du Système des Nations Unies au Niger, Madame Khardiata Lo Ndiaye, a souligné dans son allocution que ‘’ les Violences basées sur le Genre et les pratiques néfastes de tout ordre sont des   obstacles majeurs à l’accomplissement des droits des femmes et des filles et à la réalisation des objectifs de développement durable’’. Elle a souligné que ‘’pour prendre à bras le corps ce problème, nous devons bâtir une synergie d'actions non seulement pour sensibiliser efficacement les populations, mais également pour apporter un soutien adéquat aux victimes et aux témoins’’.

Partenariat et synergie pour lutter contre les VBG

C’est pourquoi dans le cadre de l’Initiative Spotlight qui vise à éliminer toutes formes de violences à l’égard des femmes et des filles avec l’ensemble des acteurs étatiques et non étatiques concernés par les questions des VBG ; sous la coordination du Système des Nations Unies, l’UNFPA a signé en juin 2020, un mémorandum avec la Police Nationale, un acteur de première ligne dans la lutte contre les VBG.

C’est ainsi que la Division de la Protection des Mineurs et des Femmes (DPMF) de la Police Nationale a effectué des missions de collecte de données et de sensibilisation dans les huit (8) régions du pays. A l’issue de cette mission 2628 cas de VBG ont été recensés dont 48% des cas dans les régions d’intervention de l’Initiative Spotlight.  

Selon le constat de la Police Nationale sur l’ensemble des régions les violences physiques constituent 58% des cas enregistrés.

L’UNFPA a également signé en juin un mémorandum avec la gendarmerie Nationale dans le cadre de la lutte contre les VBG.  

Ainsi la Cellule de Protection des Femmes et des Mineurs de la Gendarmerie Nationale a effectué une mission dans les huit régions du pays où il a été recensé 2042 cas de VBG. Cette mission a aussi sensibilisé les Commandants de Brigade et les points focaux VBG sur les types de violences basées sur le genre. 

De l’analyse de ces données, il ressort que les types de VBG se produisent dans toutes les régions du Niger suivant un rythme impressionnant d’où la mobilisation de tous les acteurs pour y mettre fin.

L’Association des Chefs traditionnel du Niger (ACTN) par la voix de son représentant à cette réunion, l’honorable chef de canton de Karma a présenté aux participants les conclusions de la rencontre des 60 Chefs de cantons et de groupements des communes cibles de l'Initiative Spotlight qui s’est tenue à Niamey au mois de juin 2020.

Il ressort de cette réunion des chefs traditionnels que les causes des VBG sont : la pauvreté, la migration, l’ignorance, le déni de ressources, la déscolarisation, le manque d’emplois des jeunes, l’ineffectivité des lois relatifs au mariage des enfants, la non dénonciation des auteurs de violences et l’absence de protection des victimes.

A ces causes les chefs traditionnels ont proposé des pistes de solutions dont entre autres : la revalorisation et le renforcement du rôle des Chefs traditionnels et de Groupement qui sont les premiers recours de la communauté et des victimes, le développement et le renforcement du partenariat avec les autres acteurs de la chaîne sécuritaire, juridique et judiciaire (la police, la gendarmerie et la justice), le développement des actions concertées entre la chefferie traditionnelle, la Police Nationale , la Gendarmerie Nationale et la justice par le biais de rencontres régionales trimestrielles de partage et d’analyse des informations et de suivi des dossiers en cours, l’élaboration d’ un argumentaire sur l’islam et la violence basée sur le genre au Niger, l’utilisation des Espaces Sûrs comme une opportunité pour la prévention des VBG à travers les sessions modulaires de formation et les dialogues communautaires, la collaboration avec les agents de santé pour détecter les cas de VBG lors des visites dans  les services de santé et les amener à contacter les acteurs concernés (chefs traditionnels et service de sécurité) et enfin  de trouver un mécanisme de protection des victimes.

Pour soutenir toutes ces actions un argumentaire ‘’ Islam et VBG’’ a été développé afin de promouvoir et de renforcer les capacités mutuelles des Oulémas ce qui va contribuer à améliorer l’interprétation des textes religieux sur les questions de violences basées sur le genre. 

D’autres actions sont aussi développées avec les organisations de la société civile pour élargir la stratégie de lutte contre les violences.  Avec l’Association pour le Bien-être Familial (APBE), il a été à mis en place 2 para juristes dans chacun des 231 villages des 60 communes du projet Spotlight et 38 points focaux VBG dans chaque canton.

Par ailleurs, 32 travailleurs sociaux, 9 psychologues, 4 conseillers juridiques, 9 gestionnaires de cas de VBG et 3 équipes mobiles travaillent en étroite collaboration avec les communautés.

Les acteurs de la santé sont également des partenaires incontournables. Ils sont garants de la réponse clinique aux viols et de la prise en charge post-viol. Pour répondre aux risques de viols, l’UNFPA a doté les formations sanitaires particulièrement celles des communes d’intervention de l’Initiative Spotlight en kits post-viol, des matériels médicaux pour les accouchements assistés, de médicaments et de produits contraceptifs. Au total 29 kits ont été distribués et permettrons d’assurer la prise en charge de 1102 survivantes de viols et d’agressions sexuelles dont 232 enfants.