NIAMEY - Le 14 août 2025, Niamey a accueilli un atelier stratégique en vue d'une appropriation nationale des conclusions du Rapport sur l'état de la population mondiale 2025. Intitulé "La véritable crise de la fécondité : La quête du libre arbitre en matière de procréation dans un monde en mutation", ce rapport met en lumière un déclin sans précédent des taux de fécondité à l'échelle mondiale, particulièrement dans les pays occidentaux. Il révèle que le nombre moyen d'enfants par femme dans le monde s’établit actuellement à 2,2 soit un niveau très proche du seuil de renouvellement des générations (2,1). En dessous de ce seuil, une population finit par diminuer (hors solde migratoire positif et améliorations de la mortalité). Ce constat est attribué à divers facteurs, notamment des contraintes financières (29%), le chômage et l’insécurité de l'emploi (21%), des problèmes de santé et, dans une moindre mesure, à l'infertilité (12%).
Au Niger, le taux de fécondité est passé de 7,6 enfants par femme en 2012 à 6,2 en 2021, soit pratiquement trois fois le seuil de remplacement. Cette baisse est principalement liée au renforcement de l'éducation des filles, à l'urbanisation rapide, à la réduction des mariages précoces et à l'amélioration de l’accès aux services de santé reproductive.
Dans son discours d’ouverture, M. Amadou Adamou Garba, Secrétaire Général du Ministère de la Population, de l’Action sociale et de la Solidarité Nationale, a souligné que plusieurs actions ont été initiées par le Gouvernement pour faire face aux défis et enjeux démographiques. ‘’ Le gouvernement nigérien a mis en place plusieurs initiatives, telles que le programme "ILLIMIN", les Écoles des Maris et le Club des Futurs Maris, la Politique Nationale de Population et la loi sur la santé de la reproduction’’ a-t-il déclaré.
Le Dr André Sourou Yebadokpo, Représentant adjoint du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), a dans son intervention souligné que les principaux défis concernent l'éducation et l'autonomisation des filles, l'accès à la santé reproductive, au logement et à une information fiable pour la santé et le bien-être. La planification familiale peut aider les couples désireux d'avoir des enfants. Il a également réaffirmé l’engagement de l’UNFPA à soutenir le gouvernement nigérien, notamment dans la promotion de la planification familiale pour réduire la mortalité maternelle et périnatale.
Le DGSR a présenté la situation de la santé de la reproduction au Niger en mettant un accent sur la lutte contre les décès maternels et néonatals évitables. L’état de la population est la résultante de cette lutte contre les décès maternels et infantiles à travers l’amélioration de la qualité des soins et services de santé d’une part, la prise en charge des contraintes et défis rencontrés par les couples désireux d’avoir des enfants, d’autre part. La baisse du taux de fécondité n’est pas nécessairement synonyme d’une diminution de la taille de la population générale au Niger. Il invite les acteurs à la prudence dans l’analyse du niveau de la fécondité qui doit être corrélée avec les facteurs de la dynamique de la population générale, matérialisée par le taux d’accroissement annuel de la population (plus de 3% par an).
Le Professeur Madi Nayama, Directeur Général de la Maternité Issaka Gazobi de Niamey a quant à lui, rappelé les défis persistants en matière de santé maternelle, avec un taux de mortalité qui dépasse encore 400 pour 100 000 naissances vivantes. Il a souligné l'importance de l'espacement des naissances pour promouvoir la santé des mères et des enfants.
Dr Harou Issoufa, Directeur Général de la Santé de la Reproduction au ministère en charge de la Santé a ajouté que « nous n’avons pas les mêmes défis avec
les pays du Nord en matière de population, eux se battent pour le renouvellement de la population, nous, nous luttons pour la responsabilité de chacun pour créer des familles utiles, pour que chaque être qui naît au Niger puisse créer des richesses pour lui-même et dégager des bénéfices, sans faire ces réflexions, il va être difficile de s’en sortir ».
L'objectif de cet atelier, qui a réuni les directeurs généraux et techniques de divers ministères, était de s'approprier des conclusions du rapport afin de mieux les intégrer dans les stratégies sectorielles en vue de mieux orienter l'action publique.
C’est pourquoi le Secrétaire Général du Ministère de la Population, de l’Action sociale et de la Solidarité Nationale, a salué la mobilisation tout en louant les efforts de UNFPA pour les appuis constants apportés au gouvernement, à travers le Ministère la Population, de l’Action sociale et de la Solidarité Nationale en particulier. Il a invité les participants à bien s’approprier des résultats du rapport pour mieux les refléter dans les stratégies nationales de développement pour ainsi apporter des solutions spécifiques et conformes aux réalités socio-économiques du pays.