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« Avant, nous avions peur de la maternité comme on a peur de la mort. Mais maintenant, nous y allons avec enthousiasme ».

Une mission conjointe, Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), Ministère de la Santé Publique a séjourné du 18 au 19 décembre 2010 dans la région de Zinder. La mission était composée du Directeur de la Division Technique de UNFPA, M Werner Haug, du Directeur du Programme de sécurisation des produits de santé de la reproduction, M. Jagdish Upadhyay, du Représentant de UNFPA au Niger, Mr Yacine Diallo, des Conseillers régionaux de UNFPA basés à Dakar, des cadres de UNFPA et du Ministère de la Santé.

Dès son arrivée, la mission a entrepris une série de visites, notamment à la maternité centrale de Zinder. A ce niveau, la délégation a visité les différents services de la maternité, s’est entretenue avec les médecins et le personnel pour apprécier leurs conditions de travail. La mission de UNFPA a eu également plusieurs échanges avec les femmes venues accoucher à la maternité, dans des conditions de sécurité. Les membres de la délégation les ont exhortées à fréquenter les centres de santé, notamment la maternité, pour les consultations prénatales, l’accouchement, les consultations postnatales et la planification familiale.

Les responsables de la maternité centrale de Zinder ont apprécié la qualité de l’appui apporté par l’UNFPA à leur institution, notamment en matière d’équipement, de formation et d’assistance technique.

L’espoir des femmes victimes de la fistule obstétricale

Le clou de cette visite à la maternité centrale de Zinder a été celle réservée au Centre régional de prise en charge des femmes victimes de fistule obstétricale. Qu’elles s’appellent Gomma, Dijé, ou Fouréra, qu’importe, elles sont des victimes innocentes d’une maladie handicapante et dégradante. Leur fistule est provoquée le plus souvent par un travail prolongé, sans assistance médicale à temps. Nombre d’entre elles sont victimes de mariage précoce. Certaines, traumatisées, peinent à expliquer ce qui leur arrive. Elles sont tout simplement fistuleuses, c'est-à-dire qu’elles ne peuvent plus contenir leurs urines. Sur certains visages, on lit l’incompréhension et la souffrance !

Malgré leur état, c’est avec un chant et des applaudissements qu’elles ont accueilli la délégation de l’UNFA, qui s’est entretenue directement avec certaines d’entre elles. Elles étaient une trentaine à attendre leur opération. Elles sont aussi des dizaines à être sauvées déjà de cette situation et même que certaines d’entre elles ont repris leurs activités normales.

En leur rendant visite, la délégation du Siège de l’UNFPA a voulu ainsi se rendre compte des réalités que vivent ces femmes, que d’aucuns pensent perdues à jamais. Mais avec, l’engagement, le dévouement et les compétences des médecins chirurgiens de la Maternité Centrale de Zinder et de l’ONG Solidarité qui assure leur réinsertion socioéconomique, ces femmes ont retrouvé espoir, espoir d’être soignées, espoir de redevenir normale, espoir de retrouver leur dignité et d’avoir une nouvelle vie au sein de leur famille et de leur communauté.
En moins de dix ans d’existence, le Centre de prise en charge de la fistule obstétricale, qui reçoit des malades des régions de Zinder, Diffa, Maradi, du Nigeria voisin et même du Tchad, a traité et guéri de nombreux cas.

Aller sur le terrain pour soutenir l’implication des Hommes dans la promotion de la santé maternelle

Après la visite à la maternité, la mission de l’UNFPA s’est rendue sur le terrain, à Bandé et Dogo à 100 km de Zinder, dans le département de Magaria. Il s’est agi d’aller rencontrer les Ecoles des Maris, une Initiative et une stratégie développées par l’UNFPA et le Ministre de la Santé dont l’objectif est d’impliquer les hommes dans la promotion de la santé maternelle et favoriser un changement de comportement au niveau communautaire. Il faut relever que les hommes ont le pouvoir de prendre des décisions dans leurs nombreux rôles, en tant que Pères, Maris, Chefs de Communauté, Chefs religieux et Dirigeants Politiques. Les hommes peuvent aider à garantir que toutes les femmes aient accès à la contraception pour éviter les grossesses non désirées et pour planifier leurs familles. Les hommes peuvent aider à garantir que toutes les femmes enceintes aient accès à des soins qualifiés au moment de l’accouchement et à des soins obstétricaux d’urgence de bonne qualité.

Une initiative soutenue par les chefs traditionnels

La première étape a été la Commune rurale de Bandé et dont la particularité est d’abriter les toutes premières Ecoles des Maris de la région. Devant les membres des Ecoles des Maris et ses administrés, le Chef de canton de Bandé, l’honorable Yahaya Louché a souhaité la bienvenue à la délégation et a exprimé la reconnaissance de sa population à l’endroit de UNFPA pour ses efforts d’amélioration des conditions de vie. Il a salué la création de l’Ecole des maris et s’est dit engagé à soutenir.

Les chiffres parlent d’eux mêmes

Les indicateurs en matière de santé maternelle, présentés par le Chef CSI de Bandé parlent d’eux-mêmes. Ainsi, en matière de planification familiale, le taux d’utilisation qui était de 1,71% en 2006 est passé à 17,20% en 2010. La couverture en PEV est passée de 45,6% en 2006 à 107% en 2010 ; celle de la consultation prénatale de 28,62% en 2006 à 87,30% en 2010. Quant aux accouchements assistés, le taux est passé de 8,39% en 2006 à 25,02% en 2010. Une femme, de bandé, membre d’un Comité de soutien à la santé de la reproduction a déclaré devant l’assistance « avant, nous avions peur de la maternité comme on a peur de la mort. Mais maintenant, nous y allons avec enthousiasme ».
La situation est certes encourageante, mais de nombreux défis existent encore. Il s’agit d’abord de consolider les acquis, favoriser une plus grande appropriation de la dynamique par tous les acteurs locaux, avant de passer à l’échelle, cette initiative Ecoles des Maris.

Le ferme soutien de l’UNFPA

Prenant la parole au nom de l’ensemble de la délégation, le Directeur de la Division Technique du Programme de l’UNFPA s’est dit impressionné par cette mobilisation de la communauté. Il a salué les progrès constatés dans le domaine de la santé, et cela, a ajouté M Werner Haug grâce aux Ecoles des Maris, des autorités, des leaders religieux et de la mobilisation communautaire. Il a saisi l’occasion pour réitérer le soutien de UNFPA à l’Ecole des Maris, notamment par le renforcement des capacités des membres qu’il a invités à être à l’écoute des femmes qui sont les principales bénéficiaires de leurs actions.
L’accueil à l’étape de Dogo a été tout aussi impressionnant. En effet, les autorités sous régionales et coutumières ont voulu faire de cette visite un évènement exceptionnel, et surtout montrer à la délégation, la mobilisation et l’engagement de la communauté à inscrire désormais à son agenda, la promotion de la santé maternelle. L’Ecole des Maris de Dogo, après seulement trois mois de création, a entrepris plusieurs actions, notamment, la sensibilisation des hommes et des femmes sur les avantages de la planification familiale, la consultation prénatale et postnatale, les accouchements assistés.